Dimanche, je passe la journée avec un groupe de volontaires qui redescend du Nord et s’apprête à reprendre l’avion le soir même, et me joins à leur excursion.
Au programme, excursion à Granvie, cité lacustre toute proche de Cotonou, sur le plus grand lac du Bénin, un peu excessivement appelée la venise béninoise.
Départ en bateau de la terre ferme, traversée de plusieurs km pour rejoindre le village un peu plus loin sur le lac. L’ensemble des bâtiments sont construits sur pilotis : une véritable ville de plusieurs dizaines de milliers de personnes, avec toutes les facilités : une mosquée, plusieurs églises, l’hôpital, le coiffeur, le marché flottant … et même une maison de la francophonie, construite par Bernadette Chirac (et oui, les restes de la Francafrique !) … aujourd’hui à l’abandon, faute d’entretien !
Tout se fait en pirogue, y compris le trajet des enfants à l’école, ou le fait d’aller à la messe : je vous laisse imaginer les embouteillages devant ces deux institutions !
La pêche est la principale activité, toute l’année, les hommes pêchent dans le lac : 9 mois d’eau salée et 3 mois d’eau douce. Ils vendent ensuite leurs poissons aux femmes, qui ont ensuite la charge d’aller les revendre sur la terre ferme.
Une promenade charmante !
A voir absolument : les stations essences sauvages. Il y en a partout tous les 100m au bord des routes, pilier de l’économie informelle, qui nourrit des milliers de famille.
J’ai naïvement cru en arrivant le premier jour qu’il s’agissait de bouteilles d’huile : tout est frit après tout !
S’il y a bien de vraies stations essences, Sonacop en particuliers, les motos utilisent plus généralement les bonbonnes et bouteilles alignées en bord de route, plus fréquentes et surtout moins cher.
Parfois les voitures également, ainsi au retour d’Abomey, nous avons fait le plein ainsi !
Beau programme ce samedi, puisque les responsables d’Alidé m’ont proposé de les accompagner à Abomey, un peu plus au Nord dans les terres, pour assister à la cérémonie d’intronisation d’un de leur pairs comme chef de collectivité.
En effet, la royauté d’Abomey est la plus active du Bénin, et la hiérarchie traditionnelle y est toujours en vigueur et très influente. Elle fonctionne autour de trois rangs :
- Le chef de famille, qui gère les affaires quotidiennes (on lave son linge sale en famille …),
- Le chef de collectivité, qui arbitre les différends qui dépasse les familles
- Le Roi, qui arbitre toute problématique au-delà des collectivités.
Les chefs de famille, de collectivité et le roi lui-même sont désignés par des oracles.
Nous avons donc rendez-vous à 7h au bureau pour prendre la route : un peu plus de 3h vers le Nord. La route étant trop mauvaise, nous faisons un détour par la capitale Porto Novo pour en prendre une autre. La ville est assez animée, pour cause des obsèques de l’évêque, auxquelles se rend le Président Yayi Boni.
Nous poursuivons notre route au travers de paysages ruraux verts et luxuriants, emprunts de terre rouge. Je suis ravie de quitter Cotonou et de découvrir les paysages environnants.
Quelques camions sur la route du Nord mais pas trop vu que nous sommes le weekend de l’Aïd, encore et toujours des motos, et plein de petites vendeuses d’oranges partout au bord des routes.
Nous arrivons finalement à Abomey. Le palais des rois est monument classé au patrimoine mondial de l’Unesco et sera évidemment le théâtre des cérémonies ! Des murailles de terre rouge forment un labyrinthe d’innombrables cours et de petits bâtiments bas, ornées des représentations de chacun des rois.
La foule s’y presse, vêtue de ses plus beaux atours : les femmes ont des coiffures plus recherchées les unes que les autres et les épaules recouvertes de peintures traditionnelles. Chaque collectivité porte une tenue confectionnée dans un tissu choisi spécifiquement pour l’occasion et s’identifie donc rapidement. Quelques photos et portraits ci-dessous pour vous donner une idée !
La cérémonie est animée par un griot : le futur chef est déshabillé, puis habillé de ses nouveaux atours, sa collectivité venue pour le soutenir agenouillée autour de lui. Il y a ensuite tout un cérémoniale vis-à-vis des autres chefs de collectivités et du roi, lequel est confortablement assis et caché dans la pénombre des arcades.
La cérémonie dure plusieurs heures en plein soleil puis est suivi d’un grand banquet, où je rencontre tout le microcosme de la micro finance du Bénin ! Le vin aidant, les vagues vont bon train et en fin d’après-midi, tout le monde se disperse dans la bonne humeur pour reprendre la route de Cotonou.
Elle sera longue pour notre part, la voiture ayant un petit souci, nous sommes contraints de rouler lentement, et serons finalement pris dans les bouchons à Porto Novo ! Nous arriverons finalement vers 21h, la nuit étant tombée depuis bien longtemps !
Ce vendredi est jour de Tabaski, et donc normalement férié.
N’étant présente que deux semaines, nous convenons avec Roselyne de travailler tout de même le matin.
Elle doit ensuite aller faire quelques courses au marché et je lui emboite le pas. Ce que je n’avais pas compris, c’est que ce marché est à l’autre bout de la ville : c’est donc parti pour un long trajet en Zem !
Petit marché convivial et agréable. Les stands poissons sont particulièrement intéressants : ces derniers sont encore vivants et me sautent sur les pieds. Un peu plus loin, d’autres les fument : beaucoup plus odorant !
Entre le poisson et les légumes, se trouvent les coiffeuses, qui tressent inlassablement : bref un étonnant microcosme, riche en couleurs et en odeurs J
Nous faisons ensuite escale chez une cousine de Roselyne qui tient une petite échoppe de rue, puis chez sa couturière, chez qui elle a fait reprendre ses différentes tenues, ayant pris un peu de poids : bref, un petit aperçu de vie quotidienne fort sympathique !
Je repasse brièvement à l’hôtel en début d’après-midi avant d’appeler Marcel avec qui nous avions pris rendez-vous pour une petite visite de la ville : et c’est parti pour une folle chevauchée à travers Cotonou ! Il dispose d’une moto un peu plus puissante que mes mobylettes habituelles : nous filons donc à vive allure à travers la ville : la place de l’étoile rouge, Dankopta, la lagune, la partie Est de la ville et Alagbgba où vit Marcel, le Port, le centre-ville et la Haie Vive …
Petit pot, et même mouton de l’Aïd … Bref, une jolie balade à la découverte de la ville.
En fin d’après-midi, Marcel me dépose chez Eloise, pour un apéro entre Yovos : elle héberge Holly, une anglaise, en mission pour quelques jours pour réaliser quelques tournages pour Planet Finance, et a invité quelques amis, vivant également à Cotonou. Soirée très agréable.
Je me fais déposer en voiture vers 1h sur matin ! Le réveil va être dur demain, et la journée s’annonce longue …
La plupart d’entre vous connaissent mon petit penchant gourmand, mais aussi ma dépendance au fromage … Du coup, la veille du départ, j’ai fait quelques stocks avec un énorme Mont d’Or en amoureux !
Pas superflu, car en arrivant, je dois avouer que je n’ai pas immédiatement été séduite par la cuisine. Peur du touriste qui débarque ? Chaleur ? J’avais longuement été mise en garde par Marcel, le permanent de l’association, et me suis au début limité au poisson/poulet frit, riz/frite … je vous promets que l’on se lasse vite !
Depuis hier, un peu plus acclimatée à la chaleur, j’ai décidé de challenger mon estomac : ce ne sera jamais pire que l’Inde après tout !
Et heureusement, car globalement je me suis plutôt régalée pour le moment :
- Le yassa poulet, pas purement béninois mais toujours excellent : poulet en ragout, sauce oignions citron : top !
- Les alokos : bananes plantins frites
- L’ignam frit : un peu moins convaincant
- L’akassa : pate de maïs dense et pâteuse, avec finalement assez peu de goût, ni bon, ni mauvais.
- L’ablo : sorte de gâteau de riz, accompagné de jus (sauce tomate et oignon, servie à tous les plats) – Miam !
Je prévois de tester dans les prochains jours :
- L’ignam pilé avec la sauce arachide
- Le riz au fromage peul
- Et un autre truc à base d’haricot, que je n’ai pas encore identifié !
- Et probablement plein d’autres mets que je n’ai pas encore identifiés, sans parler de mon cours de cuisine prévu avec Roselyne la semaine prochaine.
Je me suis aussi lâchée sur une salade (sans conséquences heureusement), et ça fait du bien, au milieu de tous ces féculents !
Ah oui, j’allais oublier, last but not least, pour équilibrer tout cela, l’ananas béninois est une pure tuerie ! D’ailleurs, Laurent et Aurélien : ici pas de question sur la découpe : je vous fais un cours au retour 🙂
Le plus sympa dans tout ça, ce sont mes papotages culinaires avec le vieux cuisinier de l’hôtel, qui me conseille très sérieusement, tout en s’assurant que je ne sois pas trop téméraire pour mon estomac : un vrai papy poule !
Troisième jour à Cotonou.
Après la phase de découverte, et un peu de solitude toute seule dans cette grande ville, je commence à prendre mes marques et à me faire à mon nouveau microcosme.
Deux semaines, c’est trop court pour perdre son temps toute seule dans sa chambre après le bureau : il me faut donc dompter les règles drastiques de sécurité imposés par l’association aux bénévoles pour pouvoir sortir un peu au-delà de la tombée de la nuit !
Bref aujourd’hui, journée des premiers changements :
– A bas l’eau chaude !
Tout d’abord changement de chambre : la nouvelle est beaucoup plus petite, n’a pas d’eau chaude, mais a une vraie fenêtre et donc de l’air ! Je devrais donc mieux dormir.
– Vive la moto !
Je sors enfin de ma tour d’ivoire (mon 4*4 avec chauffeur) et viens de récupérer un casque : je peux donc désormais me déplacer plus facilement, sans devoir demander systématiquement Francis et la voiture.
Premier trajet à moto ce soir pour rentrer : une vraie expérience, de nuit, au milieu de ce trafic fou de deux roues : presque pas peur, en tout cas pas plus qu’à Paris 😉
Je commence à prévoir mes sorties de fin de semaine, avec quelques invitations très tentantes : je vous raconte tout ça dans les prochains jours.
Agréable de se sentir un peu plus poisson dans l’eau et un peu moins yovo* dans sa tour d’ivoire !
*Yovo = toubab/blanc en Fon, la langue parlée dans le sud du Bénin
Lundi matin, Francis passe me prendre en voiture pour m’emmener chez Alidé, et je découvre les embouteillages de moto : impressionnant ! Les grandes artères pullulent de taxi zem, tous de jaune vêtus, qui emmènent les travailleurs au bureau, le tout dans un énorme nuage de gaz d’échappement.
Pour ma part, le bureau se trouve au siège d’Alidé, dans les petites ruelles en terre, derrière le marché Vedoko. J’y retrouve Roselyne que je vais accompagner pendant ces deux semaines, et son assistante Elvire, qui partage son petit bureau.
L’objet de ma mission est de supporter le développement des ressources humaines d’Alidé, association de microfinance béninoise avec volet social, qui s’est fortement développée ces deux dernières années pour passer d’une dizaine de collaborateurs sur un site à une centaine répartis sur une petite dizaine d’agences dans le sud du Bénin. Je vais travailler en particulier avec la personne qui va reprendre les ressources humaines en la formant et en l’aidant à développer ses différents outils et processus.
Nous avons rendez-vous à 9h30 pour le brief de lancement de la mission et plus globalement du partenariat entre les trois associations : Alidé, Planète Finance et Planète Urgence : de la réussite de ma mission, dépendra la continuité du partenariat : Non, non, je n’ai pas la pression !
Les objectifs sont ambitieux, un M2 de GRH en deux semaines, avec le développement des outils en prime, le tout avec mon petit cibouleau et un budget de 50 euros… Ok, je caricature un peu, mais presque !
Plus sérieusement, un certain nombre d’enjeux interculturels à appréhender, et surtout cerner et comprendre le mode de fonctionnement de l’organisation en si peu de temps : un vrai challenge !
C’est cependant très intéressant de sortir de mon milieu professionnel, de retourner au basics et de prendre du recul. J’en sortirai enrichie, c’est certain !
Et le blog reprend du service, pour vous raconter mes aventures béninoises.
Me voici finalement bien partie, après quelques problématiques de visa et quelques frayeurs à l’aéroport.
Il faut dire que si je maturais le projet depuis quelques mois mais qu’il n’a abouti qu’il n’y a quelques mois, lançant une superbe course contre la montre jusqu’au jour du départ !
Arrivée à Cotonou dimanche soir vers 20h et chaleureusement accueillie par Roselyne et Francis d’Alidé, et Marcel de Planète Urgence.
Découverte de l’hôtel Qualimax où je vais passer ces quinze jours. Niché au fond d’une petite ruelle en terre, minée par les énormes flaques d’eau, témoins de la fin de la saison des pluies, petit établissement tranquille, repère des bénévoles de Planète Urgence avant leur départ en brousse.
Malheureusement pour moi, pas de bénévoles en ce moment, et Qualimax est donc désespérément vide et tranquille ! Vivement le week-end prochain J
Cela n’enlève rien à la gentillesse du personnel et à l’agréable petite terrasse sur le toit, d’où je peux observer la petite vie du quartier. Quelques images, rien que pour vous !
Amélie 